Le festival – Bilan

Le comité organisateur lors de la cloture du festival. Rangée du haut, en partant de la gauche : Frédérique Gagné-Thibault, Laurie Lafontaine, Hélène Santoni, Nour Riyadh Gessoum, Samantha Faivre, Odile Rompré-Brodeur. Rangée du bas, en partant de la gauche : Mardjane Amin, Andrée-Anne Riendeau, Mélissa Mars, Mallory Wilson. Photo : Mauricio Garzon.

MERCI !

Le festival est terminé ! Nous sommes très heureux et fiers de cette première édition. Voici un petit compte-rendu de cette fin de semaine patrimoniale.

Montréal, le 24 août 2015

Compte-rendu de Vivre le patrimoine –

Montréal Héritage Fest !

La première édition de Vivre le patrimoine ! Montréal Héritage Fest a été inaugurée sur un air d’enthousiasme et de curiosité pour cette initiative qui a mélangé, le soir du 21 août 2015, diverses générations et professions issues du domaine du patrimoine. La soirée s’est ouverte avec l’intervention de deux jeunes professionnels en conservation : Émilie Vézina-Doré, directrice générale d’Action Patrimoine, et Christophe-Hubert Joncas, vice-président de l’Enclume – Atelier de développement territorial. Tous deux ont retracé leurs parcours professionnels respectifs, empreints d’interdisciplinarité et de polyvalence. Les conférences d’ouverture ont laissé une note positive et marquée par une motivation partagée, montrant que la conservation du patrimoine bâti est aujourd’hui un sujet qui rassemble, rattaché à un domaine actif et en évolution constante. Plus de 70 personnes étaient présentes ce premier soir, et nous tenons à souligner la diversité des familles de professions et de groupes d’acteurs, ainsi que le dialogue entre la relève en conservation et les professionnels établis. Durant la soirée, et toute la fin de semaine, nous avons également eu la chance d’observer l’artiste Jonathan Himsworth lors de sa réalisation d’une fresque de Griffintown vu du ciel à l’entrée de la New City Gas. Par cet événement, nous voulions tisser des liens et renforcer la communication entre tous ces porte-paroles du patrimoine, et cette première soirée a ainsi atteint son objectif !


SAMEDI 22 AOÛT 2015 :

Visite de la Fonderie Darling – Art contemporain, détermination et mémoire industrielle

 La journée s’est ouverte sur un des premiers ateliers créatifs de ce festival. Ces ateliers ont été pensés de manière à rendre le participant actif au sein des différentes visites. Au pied de la fonderie Darling, les quelques 40 personnes présentes se sont adonnées à la photographie, au dessin ou à l’écriture. Le but de l’activité était de retranscrire une vision personnelle de l’élément patrimonial qui se trouvait devant eux. Pastels, bloc-notes et appareil photo Polaroïd ont été mis à la disposition des participants, qui ont œuvré pendant vingt minutes avec enthousiasme.

Sans plus tarder avons été invités à entrer dans la Fonderie Darling, où nous avons rencontré Caroline Andrieux, fondatrice et directrice de Quartier Éphémère et de la Fonderie Darling. En guise d’introduction, Caroline nous a décrit son parcours et la longue marche vers l’aboutissement du projet de la Fonderie. Formée en art et amoureuse du patrimoine, Carline a été appelée par la Ville de Montréal dans les années 1990 pour aider à trouver une solution de recyclage des bâtiments industriels abandonnés, à l’image des projets qu’elle avait pu mener auparavant en France. Durant la décennie 1990, elle a dirigé différentes interventions artistiques qui ont contribué à mettre en valeur le bâti existant du quartier, avant d’ouvrir en 2002 la Fonderie Darling, un lieu dédié à l’exposition de l’art contemporain. Plus tard, en 2006, les ateliers de la fonderie ont été inaugurés, poursuivant le projet initial. Avec foi et motivation, les porteurs de ce projet ont su aller de l’avant malgré les obstacles, et ont démystifié les difficultés pour mettre en lumière le potentiel immense de ce lieu. Il en résulte une vision réaliste et positive de ce que peut être aujourd’hui une action concrète en conservation du patrimoine bâti. Notre guide a insité également sur l’importance des décideurs municipaux, en confrontant le développement du Faubourg des Récollets à celui de Griffintown : pour sa cité du Multimédia, le Faubourg a misé sur un développement intégrant l’art et le cadre bâti existant au développement et aux nouvelles technologies. Finalement, Caroline a conclu en disant que la posture des municipalités était ce qui faisait la différence dans l’aménagement urbain et la préservation du patrimoine.

Si la fonderie a su conserver et mettre en valeur le bâtiment de l’ancienne industrie, il importe aussi de tenir compte de la dimension immatérielle de ce patrimoine. Ainsi, au cours de la visite, Mardjane Amin, membre du comité organisateur de Vivre le patrimoine, a fait ressortir certains détails dans les œuvres des artistes qui permettaient d’évoquer la mémoire passée du lieu, les ouvriers qui y avaient œuvré, les techniques et les savoir-faire qui l’avaient animé… Autant d’éléments qui montrent ce que l’art contemporain et sa diffusion peuvent faire apporter une connaissance plus grande des aspects intangibles du lieu, et qui amènent à réfléchir à l’association entre l’art contemporain et la conservation.

La discussion s’est poursuivie sur les projets futurs de la Fonderie Darling et de Quartier Éphémère, notamment le projet « Bâtiment 7 à Nous » dans Pointe Saint-Charles, ainsi que sur l’avenir de Griffintown. Quel regard porter sur les métamorphoses de ce quartier telles que le démantèlement de l’autoroute Bonaventure ? Ce géant de béton n’est-il pas également une forme de patrimoine ? Ne pourrait-on pas s’inspirer d’exemples internationaux, comme High Line Park à New York ? Y’a-t-il un moyen d’éviter certains désastres patrimoniaux liés au développement immobilier et dus à la confrontation entre les promoteurs et les défenseurs du patrimoine ?

Le mot de la fin aura pour sujet les initiatives citoyennes et le rassemblement : persévérance et espoir sont les maîtres mots. Réfléchir et concrétiser une deuxième vie pour des bâtiments est écologique et permet d’envisager le futur. Le regroupement est une initiative porteuse et si les politiques ne sont pas toujours favorables, il faut s’engager et se rassembler. La Fonderie Darling restera un exemple marquant de ténacité et de patience.

Promenade urbaine jusqu’au Square Viger – De Griffintown au Centre-Ville, en passant par le Vieux-Montréal

Menée par Jonathan Cha, chercheur associé à la Chaire de recherche du Canada en patrimoine urbain de l’Université du Québec à Montréal, cette promenade nous a donné un aperçu coloré des multiples ambiances urbaines présentes dans cette portion de la ville. Nous nous sommes arrêtés devant certains lieux symboliques, notamment la Forge Cadieux, cet authentique vestige du patrimoine industriel et véritable musée laissé à l’abandon. Encore une fois, la discussion s’est orientée sur le conflit existant entre les acteurs du développement et ceux du patrimoine et sur l’importance de dépasser ces clivages pour mener à bien la préservation de notre patrimoine sans tourner le dos à la croissance urbaine. Ponctuée d’un atelier créatif à la Place d’Armes, cette marche a démontré les nombreux liens qui existent entre les quartiers, particulièrement entre Griffintown et le Vieux-Montréal.

Activités au Square Viger – Démonstration : pourquoi le conserver ?

Arrivés au Square Viger, le groupe a pris une pause déjeuner en compagnie de Marie-Dina Salvione et Nathalie Boucher, respectivement chargée de cours DESS architecture moderne et patrimoine à École de Design de l’UQAM, et chercheuse postdoctorale à l’Institut National de la Recherche Scientifique, Centre Urbanisation, Culture et Société.

Après une présentation sur l’histoire et l’intérêt du lieu, nous nous sommes divisés en deux groupes pour suivre les différents ateliers proposés. Marie-Dina a animé un atelier axé sur les valeurs du lieu, proposant de voir le Square comme un lieu stimulant pour la création et invitant les participants à réfléchir aux éléments qu’ils apprécient et qu’ils veulent voir préservés. Il apparaît alors évident qu’un nouveau projet ne peut se faire sans une connaissance approfondie de l’existant. À l’aide de craies, les participants ont alors inscrit leurs idées et leur ressenti sur les structure en béton : « Intimité », « Verdure », « Le Carré a soif », « Give me a chance », « Save me, I’m beautiful »… Ce ne sont pas les mots qui manquent. À travers le dessin, nous avons montré le grand nombre d’éléments de valeur et la beauté de notre expérience dans ce lieu sous-estimé et plein de potentiel.

Le second atelier, dirigé par Nathalie, nous a poussé à réfléchir en binôme à notre dernière expérience dans un parc, et à nos attentes en termes d’espace public. L’accessibilité, la verdure, l’intimité, la rencontre, l’organisation d’événements, sont apparus comme des points essentiels dans la sociabilité d’un espace public, et l’on se rend compte qu’il n’en manque que peu au Square Viger pour les réunir tous. Cette place publique donne une place à l’eau et à la verdure de façon innovante et fait preuve d’un intérêt technique, esthétique et historique. Est-ce un objet patrimonial ? La question reste ouverte, mais il est certain que c’est un objet de valeur dont il faut prendre soin. Nathalie Boucher conclut ainsi cette session : « Il est possible de vivre le patrimoine, de vivre le Square Viger ».

Marche sur Sherbrooke – Histoire de pierres

Cette visite guidée intitulée « Le parcours des pierres » a été menée par Istvan Kovacs et Salvatore Nudo, architectes associés de DFS Architecture & Design. Cette visite atypique ne retrace pas l’historique des bâtiments mais la vie des pierres qui les forment et qui en font des édifices hautement patrimoniaux. Cette approche non-conventionnelle nous a offert un regard particulier porté sur les détails de construction, les appareillages de pierre, les types de construction, et certaines problématiques de la restauration du patrimoine bâti. La promenade s’est terminée par un dernier atelier créatif, mêlant toujours dessin, photographie et écriture, devant le Musée des Beaux-Arts.

Fin de la journée – Marché Saint-Jacques

Les participants étaient invités à un barbecue offert par Les Mémés O, service de boucherie et traiteur local. Réunis devant le Marché Saint-Jacques dans le quartier Centre-Sud, nous avons alors conclu cette première journée dans une ambiance festive.


DIMANCHE 23 AOÛT 2015 :

Montreal Arts Centre – Préserver le sens de la communauté

La journée du dimanche a commencé avec la visite du Centre d’art de Montréal, situé 1844 rue William à Griffintown. Allan Diamon, propriétaire du lieu, nous explique comment le projet a réussi à conserver le sens communautaire et l’intégrité du bâtiment dans un environnement où beaucoup de nouveaux condos ont remplacé des anciennes constructions. Dans le projet de réhabilitation, le but était de préserver le caractère original et l’essence du lieu, tout en l’adaptant à sa nouvelle fonction. Défi réussi malgré la pression faite sur l’aménagement urbain actuellement et les opportunités de développement qui font face aux petits groupes de citoyens.

Après la visite, Jonathan Cha a animé une discussion sur les enjeux de Griffintown. Récemment installé dans le quartier, il nous a donné un aperçu du caractère unique de ce territoire, de son heure de gloire à sa renaissance, en passant par le déclin des années 1960-70, où une partie de la mémoire ouvrière a commencé à disparaître. Griffintown est aujourd’hui un lieu avec un potentiel immense, notamment celui du développement communautaire. La croissance démographique va en effet obliger les aménagistes à trouver des types d’intervention créatifs qui permettront d’intégrer de la verdure, des espaces de loisir et des lieux pour l’éducation dans cet espace très hétérogène, minéral et qui a gardé une forte identité industrielle. Le quartier est aujourd’hui embouteillé et le changement se fait sentir. Il est donc primordial de conserver cette identité singulière, hétéroclite, de célébrer le quartier sans le banaliser, tout en faisant en sorte que les nouveaux arrivants s’approprient Griffintown. La discussion s’est poursuivie sur le rôle de la Ville qui pose problème lorsqu’il s’agit d’investissement immobilier privé. Ce qu’il manque aujourd’hui, c’est une vision de la part des promoteurs et le sentiment d’une mission, qui est celle d’embellir la ville. Il apparaît alors essentiel de les intégrer à la discussion sur le patrimoine, et de les inviter à dialoguer, en leur montrant ce qu’ils ont à gagner dans ce débat, ainsi que la plus-value énorme que peuvent apporter les édifices historiques dans leurs projets.

La visite du Montreal Arts Centre s’est poursuivie avec une promenade dans Griffintown en direction de la New City Gas. Jonathan nous a fait remarquer les traces de l’eau jadis très présente dans le quartier, et qui est pour lui l’un des éléments patrimoniaux les plus cruciaux du secteur. En passant devant la plus grande écurie de Montréal, l’écurie Lucky Luke, nous avons pu observer encore une fois la grande diversité du paysage urbain de ce quartier, comportant aussi un patrimoine immatériel et sensoriel. Entre d’anciens hangars, des bâtiments industriels reconvertis, des terrains vagues et des nouvelles constructions, nous avons ensuite marché jusqu’au Horse Palace où nous avons fait un bref arrêt, accueillis par la propriétaire des trois chevaux qui y habitent encore. Ce lieu exceptionnel, debout depuis 150 ans, témoigne de l’histoire de Griffintown et assure la continuité d’une tradition montréalaise. Aujourd’hui, le lieu est menacé et subit la pression immobilière environnante.

Clôture – Regards portés sur le patrimoine

Vivre le patrimoine – Montréal Héritage Fest s’est achevé à l’intérieur de la New City Gas, au 141 rue Ann, où les participants ont été invités à visiter l’exposition de leurs propres travaux conçus lors des ateliers créatifs qui ont ponctué la journée du samedi. Au milieu des divers « Regards portés sur le patrimoine » suspendus à la charpente en bois de l’immense salle, et assortie de pâtisserie, cette fin de semaine s’est finie sur une note conviviale et un désir de reconduire une seconde édition, de la part des participants comme des organisateurs.

Finalement, nous pouvons dire que cet événement fut un succès. Nous avons réussi à rassembler différents acteurs issus d’horizons très variés, et les discussions ont été passionnantes. Nous sommes confiants que le mouvement rassembleur n’en est qu’à ses débuts !


REMERCIEMENTS

Nous souhaitons consacrer la dernière partie de ce compte-rendu pour remercier nos partenaires, sans qui l’événement n’aurait pas été possible :

  • L’Association canadienne des experts-conseil en patrimoine
  • Au Quai Roulant Food Truck
  • Caravandals
  • Le Centre d’Art de Montréal
  • La Chaire de recherche du Canada en patrimoine bâti de l’Université de Montréal
  • La Chaire de recherche du Canada en patrimoine urbain de l’Université du Québec à Montréal
  • Coopsco Aménagement de l’Université de Montréal
  • Crèpe-Moi
  • Olivier Dubé-Pauzé, designer du logo
  • Samantha Faivre, photographe
  • La Fonderie Darling
  • Le Fonds d’Investissement des Cycles Supérieurs de l’Université de Montréal
  • Mauricio Garzon, photographe
  • Griffintown Art School
  • Karibu
  • King Solutions au Patrimoine Bâti
  • La famille Lev
  • Les Mémés O Boucherie et Traiteur
  • Rachel Julien

Merci aussi aux intervenants qui ont fait de l’événement une belle réussite :

  • Caroline Andrieux, fondatrice et directrice artistique de Quartier Ephémère et de la Fonderie Darling
  • Nathalie Boucher, chercheuse postdoctorale, INRS Centre Urbanisation Culture et Société
  • Jonathan Cha, chercheur associé, Chaire de recherche du Canada en patrimoine urbain
  • Claudine Déom, professeure agrégée à l’Ecole d’architecture de l’Université de Montréal
  • Allan Diamond, propriétaire du Centre d’Art de Montréal
  • Christophe-Hubert Joncas, vice-président de l’Enclume – Atelier de développement territorial
  • Istvan Kovacs, architecte associé, DFS Architecture + Design
  • Salvatore Nudo, architecte associé, DFS Architecture + Design
  • Marie-Dina Salvione, chargée de cours au D.E.S.S Architecture moderne et patrimoine à l’Ecole de Design de l’UQAM
  • Emilie Vézina-Doré, directrice-générale d’Action Patrimoine

Nous souhaitons également remercier les personnes qui nous ont accordé des entrevues et consacré des articles au sein des médias :

  • Maryse Boyce, rédactrice en chef de Baron Mag
  • Marc-André Carignan, chroniqueur urbain à Radio-Canada
  • Florence Ferraris, journaliste au Devoir
  • Josiane Ouellet, rédactrice en chef de Continuité Magazine
  • Raluca Tomulescu, chroniqueuse dans Les oranges pressées à CIBL Radio

Enfin, un grand merci aux bénévoles pour leur temps et leur enthousiasme :

  • Lydie Chamon
  • Caroline Charrette
  • Nicolas Dubé-Pauzé
  • Stéphanie Galella
  • Alexandra Gatien
  • Mauricio Garzon
  • Catherine Lafontaine
  • Olivier Lemieux
  • Jimmy Minh Bang Pham

Merci à tous les participants pour leur intérêt, leur motivation et leur soutien ! À l’année prochaine !

7 réflexions sur “Le festival – Bilan

  1. Quelle belle initiative ! Plein de courage à vous pour mener à bien ce projet et vive la valorisation du patrimoine / What a nice initiative! May you keep being courageous in order to achieve this project and long life to heritage conservation

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  2. Suis totalement impressionnée par vos réalisations, incluant un rapport de votre événement à peine celui-ci terminé ! Vous êtes vraiment hot… On ne s’est pas croisés pendant que j’animais ma visite du Griffintown pour L’Autre Montréal, mais peut-être à l’an prochain ?

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